

Le 10 juillet 1656, un autre contrat
important pour le colon du Quercy, maintenant devenu cinquantenaire : Nicolas Marsolet lui loue pour cinq ans
sa terre située entre la seigneurie Saint-Jean et la haute-ville. Ce domaine a un front d'environ quatre
arpents et demi sur la Grande Allée et sa profondeur s'étend jusqu'au coteau Sainte-Geneviève. Pagé
convient de payer un loyer de 180 livres par an. Le bail fait mention d'une maison, d'une grange et
d'une étable et désigne cette terre sous le nom de Saint-Aignan (c'est le surnom de Nicolas Marsolet).
Cependant, celui-ci décidera de vendre sa terre, le 18 août 1657, à Pierre Denys de la Ronde, pour la somme
de 2000 livres; la transaction comprend les bâtiments et un moulin. Les parties conviennent alors que
l'acheteur dédommagera le locataire si ce dernier est mis hors du bail.

Or, Denys de la Ronde ne respectera
pas son engagement, malgré un jugement du gouverneur d'Argenson, rendu le 20 septembre 1658. Celui-ci
ordonnera même au fermier, le 17 juillet 1659, de ne rien payer à quiconque qu'à Marsolet lui-même.
Lors d'un procès instruit le 20 février 1673 contre Marsolet, qui réclamait des dommages pour délit et
dépérissement de bâtiments, il sera établi que le revenu de la terre lui a toujours été payé. Cette année-là,
Marsolet n'était déjà plus propriétaire du domaine de la Grande-Allée puisqu'il l'avait vendu, le 21 avril 1668,
à Mgr de Laval, procureur de l'Hôtel-Dieu. Les hospitalières étaient déjà propriétaires d'un immense terrain
sis immédiatement derrière celui de Saint-Aignan. Sur une carte moderne, la terre louée par Raymond Pagé
apparaît en pleine ville de Québec, entre la Grande-Allée, les rues Murray, Bougainville, le coteau et la rue
Moncton.

Pendant qu'il exploite toujours la
terre de Nicolas Marsolet, Raymond Pagé acquiert, le 5 mai 1659, un emplacement de 24 pieds de front sur 42
de profondeur, sur la rue Saint-Louis, près du fort de même nom. Il le revendra à Marsolet en 1672. Plus
tard, à la même place, sera érigée l'actuelle maison Maillou.